Pour Alain-Dominique Mauris, nommé président du conseil d’administration (CA) des HUG par le Conseil d’État le 13 décembre, l’année 2023 a été ponctuée par un regain d’activité. Elle a vu aussi l’ouverture de la Maison de l’enfance et de l’adolescence, celle des nouvelles urgences adultes ainsi que la signature du contrat de prestations pour les quatre ans à venir. La nouvelle stratégie RH, qui instaure une organisation efficiente centrée sur l'être humain, porte ses premiers fruits.

Vous siégez au conseil d’administration (CA) depuis 2010, qu’est-ce qui vous plaît dans cette institution ?

Je retrouve ici des valeurs qui me sont chères : l’humanité, le combat pour la vie, l’espoir d’un quotidien meilleur. Nous ne devons pas oublier que chaque personne soignée aux HUG a une histoire : j’attends beaucoup d’empathie de l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices. Nous sommes au service d’une communauté de près de 500 000 personnes, c’est une responsabilité indéniable. Dans le même temps, je suis profondément convaincu que notre métier peut se faire dans la joie. C’est d’ailleurs un de mes objectifs sur le long terme, sortir l’hôpital de la morosité post-Covid et permettre notamment aux jeunes médecins, soignants et soignantes des HUG de retrouver un épanouissement dans leur quotidien.

Pourquoi avoir accepté la présidence du CA ?

Elle est l’aboutissement de plus de 40 ans dans le domaine de la santé. J’ai une longue activité politique et sociale avec des engagements teintés par la cohésion sociale et l’altruisme : Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe), médecine de rue, projets humanitaires avec notamment la Fondation Calcutta Espoir, Terre des hommes, Sentinelles ou Voix Libres. 

Quel est le rôle du conseil d’administration ?

Il a été défini par la Cour des comptes dans son examen de 2017. Le CA a la responsabilité de la conduite de l’institution et doit s’assurer de son bon fonctionnement. Gouverner les HUG, c’est choisir la stratégie, mettre en place des conditions-cadres, soutenir des soins de qualité et innovants, s’assurer de la formation et de la recherche. Tout ce que nous entreprenons dans l’hôpital doit servir ces trois missions. 

Quelles valeurs relationnelles comptent le plus à vos yeux ?

J’en ai donné trois aux membres du CA pour fonctionner correctement. La loyauté : entre nous et vis-à-vis de l’institution, de la patientèle et des collègues. L’intégrité : nous devons être exemplaires dans l’application des directives, par rapport à nos éventuels conflits d’intérêt ou au secret de fonction. La solidarité : nous sommes une équipe.

Quels ont été les faits marquants en 2023 ?

L’année 2023 marque la fin de trois années de crise majeure pour l’hôpital avec un regain d’activité : une croissance de 3% des cas stationnaires et un nombre de journées d’hospitalisation comparable à 2019. Parmi les réalisations importantes, la Maison de l’enfance et de l’adolescence (MEA), qui a ouvert ses portes durant l’été. Centre de soins psychiatriques, ainsi que de médecine de l’adolescent, de l’adolescente et du jeune adulte, la MEA décloisonne la psychiatrie et l’inscrit dans la cité. Elle incarne un concept extrêmement novateur. Les nouvelles urgences adultes, agrandies de 1 000 m2, ont ouvert en octobre. Cette infrastructure répond aux besoins de soins croissants de la population genevoise. Ultramoderne, spacieuse et lumineuse, elle se dote d’une organisation des soins repensée afin de rendre la prise en charge encore plus performante. Enfin, nous avons renégocié le contrat de prestations avec l’État qui fixe le cadre financier pour les quatre ans à venir (2024-2027) et nous donne les moyens de nos ambitions.

Sans oublier la nouvelle stratégie RH ?
Sa mise en place marque un tournant crucial. Elle instaure une organisation efficiente centrée sur l'être humain. Elle s’assure de la qualité de vie du personnel – la santé physique et psychologique des collaboratrices et collaborateurs est primordiale –, améliore les conditions de travail et développe l’agilité et l’efficience pour davantage de performance collective. Elle porte déjà ses fruits : le taux d’absence a baissé de 1% en 2023 grâce aux mesures mises en place.

Quels sont vos projets prioritaires ?

La mise en place de la gouvernance des HUG avec le CA. Le choix du nouveau ou de la nouvelle directrice. Le renforcement du « U » des HUG et de la médecine de pointe. La valorisation des professions soignantes, leur académisation et leur accès à la recherche. La poursuite de la stratégie RH pour que chaque personne se sente bien à sa place. L’efficience au niveau des finances. Une stratégie autour des infrastructures, car tout commence avec les bâtiments : c’est là que nous exerçons, accueillons et soignons.

Nous devons également continuer avec l’innovation, la qualité, la médecine de pointe – garder à Genève un centre hospitalier universitaire est fondamental –, et l’efficience pour revisiter l’ensemble des flux. À la suite de l’acceptation de l’initiative "Pour des soins infirmiers forts" (initiative sur les soins infirmiers) par le peuple et les cantons, les HUG appuient totalement les objectifs de cette loi. Nous allons mettre en place des réflexions sur le sujet, car les HUG souhaitent valoriser le personnel soignant, tout en promouvant la pratique infirmière avancée.