L’année 2024 a été marquée par des changements importants au niveau de la gouvernance des HUG, avec le renouvellement de la présidence du Conseil d’administration, de la Direction générale et de la Direction médicale. Dans ce contexte, le Conseil d’administration des HUG a pleinement assumé son rôle en permettant à l’institution de garder le cap et de continuer à avancer à plein régime. Entretien croisé avec le président du Conseil d’administration, Alain-Dominique Mauris – qui remettra la présidence en septembre 2025 après 15 ans d’engagement –, ainsi qu’avec la vice-présidente Caroline Kant, qui a rejoint le Conseil d’administration en février 2024.

Comment le Conseil d’administration des HUG a-t-il vécu l’année 2024 ?  

Alain-Dominique Mauris : 2024 a été une année de transition à différents niveaux de la gouvernance des HUG. Pour prendre une image, nous avons changé les pilotes d’un avion en vol, sans créer de turbulences et en maintenant sa trajectoire. Nous avons gardé le cap et y sommes parvenus avec succès grâce à l’engagement de toutes et tous. Le Conseil d’administration leur exprime sa vive reconnaissance. De manière plus générale, nous avons traité au sein du Conseil d’administration plus de 110 dossiers au cours de l’année 2024, 60 décisions majeures ont été prises pour le développement des HUG, le plus souvent à l’unanimité. Ce qui constitue un signe très positif de la volonté d’avancer ensemble.  

Comment les HUG ont-ils évolué au cours des 15 années que vous avez passées au sein de son Conseil d’administration ?  

Alain-Dominique Mauris : Il y a eu de nombreux changements, mais ce que je relève avant tout, c’est une augmentation de la participation de l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs pour le bien de l’institution. Il y a eu une évolution de la culture qui va dans le sens de la participation et de l’écoute du terrain. Les personnes qui ont des initiatives et souhaitent développer des projets, peuvent le faire et sont soutenues dans leur démarche. Si l’on veut poursuivre dans la voie de l’excellence, de l’efficience et des soins de qualité, ce ne peut être qu’en écoutant chacune et chacun. Une autre évolution importante est celle de l’autonomie des départements, qui traduit une décentralisation du pouvoir.  

Quel a été le moteur de votre engagement durant votre mandat ?  

Alain-Dominique Mauris : Je me suis toujours engagé pour la patiente, le patient et pour l’hôpital public. Ce qui me motive, c’est avant tout le bien-être des personnes et en particulier leur sourire lorsque les HUG savent leur apporter les soins et le soutien espérés. L’aspect humain est absolument central à mes yeux. En réalité, c’est l’humain que nous plaçons au centre, ce qui inclut bien entendu les collaboratrices et les collaborateurs. Nous tirons tous à la même corde, celle de l’humain. Travailler aux HUG aujourd’hui, c’est accepter de s’engager pour l’autre.  

Quant à vous, Caroline Kant, vous avez rejoint le Conseil d’administration en février 2024, comment abordez-vous votre rôle de vice-présidente ?

Caroline Kant : J’aborde ce rôle avec reconnaissance et un profond sens des responsabilités. Je m’engage à promouvoir une vision tournée vers l’excellence des soins, l’innovation et le progrès académique. Avec mes collègues du Conseil d’administration et en étroite collaboration avec la direction, je souhaite contribuer à renforcer le rayonnement de l’institution ainsi que sa capacité d’adaptation et de coopération avec l’ensemble de l’écosystème local et international. J’ai à cœur de donner aux HUG les moyens de relever avec succès les défis majeurs d’un système de santé en pleine mutation.

En quoi votre parcours vous est-il utile dans votre fonction au sein du Conseil d’administration ?  

Caroline Kant : J’ai effectué ma carrière professionnelle à la croisée de la grande entreprise pharmaceutique et de l’entrepreneuriat centré sur le patient et la patiente, dans les domaines de la recherche clinique et de l’informatique biomédicale. J’ai pu développer un modèle de solutions thérapeutiques pionnières pour des patients et des patientes vulnérables. Cet engagement professionnel est renforcé par mon vécu personnel en tant que parent d’une fille ayant bénéficié de soins exemplaires aux HUG, ce qui m’a profondément sensibilisée à l’importance de placer l’humain au cœur de notre mission.

Vous avez récemment créé un comité stratégique sur l’innovation au sein du Conseil d’administration, quel sera son rôle ?

Caroline Kant : Il a pour mission d’identifier les besoins et les opportunités d’accélération de projets d’innovation au sein des HUG, tout en veillant à lever les obstacles qui les freinent. Ce comité s’attache à renforcer les collaborations internes, à développer des partenariats stratégiques externes et à assurer l’alignement des initiatives avec les objectifs institutionnels. Il ambitionne également de renforcer l’innovation comme un véritable moteur de transformation, au service de l’efficience organisationnelle, de la compétitivité et de l’amélioration continue de la qualité des soins.

À vous deux, quel est votre rêve pour les HUG ?  

Caroline Kant : Je rêve d’une institution où les collaborateurs et collaboratrices évoluent dans un environnement optimal, avec le soutien, les ressources et le temps nécessaires pour accomplir leur mission avec fierté et engagement. Un hôpital universitaire capable d’inspirer des vocations, de s’adapter aux grandes évolutions en marche et de renforcer sa coopération avec le réseau de soins. Mon ambition pour les HUG est qu’ils incarnent un modèle de résilience, alliant les avancées technologiques à une médecine centrée sur l’humain, afin de garantir que des soins équitables restent accessibles à tous et toutes.

Alain-Dominique Mauris : Genève doit garder un hôpital universitaire de qualité et d’excellence. Il faut donc œuvrer sans relâche à cette excellence, en gagnant encore en efficience et en coordination avec la région.  

Quelles seront les grandes orientations de la prochaine stratégie 2026-2030 ?  

Caroline Kant : La prochaine stratégie des HUG s’articulera autour de trois axes majeurs : l’efficience, l’innovation et la coopération renforcée avec l’écosystème de soins. Il s’agira notamment de renforcer la culture de l’agilité, en intégrant plus rapidement les innovations, y compris l’intelligence artificielle, pour améliorer les résultats cliniques tout en maîtrisant les coûts. Un accent particulier devra être mis sur la coopération avec les autres acteurs du réseau de soins tels que le CHUV, les cliniques privées, l'IMAD, les EMS, et les médecins de ville, pour fluidifier et optimiser les parcours de soins.  

Alain-Dominique Mauris : Il nous appartient également de prévoir un développement de l’infrastructure hospitalière adapté aux besoins futurs du canton. À ce titre, la stratégie immobilière est déterminante. Dans 10 ans, qui soignerons-nous et où ? Enfin, il nous faut trouver un équilibre financier et faire face au défi de la rationalisation des coûts de la santé sans diminuer la qualité des soins. Dans ce contexte, nous devons dépenser mieux pour dépenser moins.