Une épopée médicale et une aventure humaine
Gérer l’incertitude fait partie intégrante de la formation et du quotidien de la médecine et des soins. Avec la crise du Covid-19, nous avons atteint un paroxysme : nous ne savions rien sur ce coronavirus. Toutes et tous ensemble, nous avons appris en soignant, nous avons soigné en apprenant. Nous continuons à apprendre.

Arnaud Perrier
Directeur médical

Sandra Merkli
Directrice des soins
Pour Sir William Osler, un des pères fondateurs de la médecine moderne, la médecine est une science de l’incertitude et un art de la probabilité. Une maxime que nos équipes ont largement éprouvée durant l’année 2020. Du jour au lendemain, le SARS-CoV-2 a bousculé nos habitudes, transformé nos pratiques, brisé nos silos et imposé l’interdisciplinarité.
Avant la pandémie, les grandes menaces qui planaient sur notre système de santé étaient les maladies chroniques comme le diabète ou l’obésité et le poids du vieillissement de la population. Bien sûr, l’épidémie d’Ebola qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest et à laquelle les HUG avaient apporté leur contribution, nous avait alerté·es sur le risque d’une pandémie. Mais personne n’avait imaginé qu’un « simple » virus aurait un tel impact sur nos vies, sur le monde.
Une leçon d’humanité et d’humilité
Plus que jamais en raison de l’urgence, nous avons retrouvé l’essence même de notre engagement de soignant·es et de médecins: soulager les souffrances et préserver la dignité des personnes, tout en s’entraidant et se protégeant.
Nous avons dû nous adapter, résister à des émotions fortes, réorganiser notre travail, faire face à des situations difficiles et lutter contre la peur de manquer de matériel ou de contaminer nos proches. Des équipes, non impliquées dans les filières Covid ou condamnées au télétravail, ont vécu la frustration d'être éloignées des malades et de ne pas pouvoir être en première ligne, aux côtés de leurs collègues.
Mais nos équipes ont fait preuve d'une grande solidarité. De cette crise à l’hôpital, nous retiendrons la découverte de nouvelles façons de travailler, l’entraide spontanée qui a représenté un soutien essentiel ou encore le dynamisme des équipes de recherche.
Une responsabilité à assumer
Que restera-t-il de cette formidable et parfois douloureuse aventure, de cette expérience inédite et enrichissante ? La médecine de demain aura-t-elle le même visage que celle d’hier? Probablement pas. Cette pandémie a accéléré la mise en place de solutions qui étaient en gestation au sein de l’hôpital, notamment en matière d’organisation. Malheureusement, elle n'est pas terminée et exige de nouveaux efforts de résilience pour notre personnel et pour la population.
Aujourd’hui, les nouveaux enjeux ont pour noms itinéraires cliniques et santé personnalisée, mais aussi économie, environnement, prévention et solidarité, le tout dans le respect de l’éthique. La crise sanitaire qui devient sociale et sociétale, va certainement leur donner une tout autre dimension. Nous avons un rôle et une responsabilité à assumer : veiller ensemble, à la santé de nos concitoyen·nes et défendre les intérêts de nos patient·es.