
- Accueil
- Enseigner 2023
- « Se former pour grandir et s’émanciper »
« Se former pour grandir et s’émanciper »
À la fois clinicien et pédagogue, Bruno Corneau exerce depuis plus de vingt ans en tant que formateur d’adultes dans son domaine de prédilection, la santé mentale et psychiatrie de la personne âgée. Résolument humaniste, il place la relation à l’autre – patientèle, familles et collègues – au centre de son approche et encourage sans relâche le développement de compétences.
Quel est votre parcours professionnel dans les grandes lignes ?
J’ai commencé ma carrière comme manager dans l’industrie avant d’opérer un virage et de devenir infirmier à 30 ans. Je me suis rapidement spécialisé en gériatrie au sein des HUG, puis en santé mentale et psychiatrie. En 2000, j’ai participé à la création, à l’Hôpital des Trois-Chêne, d’une unité spécialisée dans la prise en soin d’une patientèle âgée présentant une problématique à la fois somatique aiguë et neurocognitive. A partir de 2006, j’ai occupé un poste au centre de formation en tant que coresponsable d’un programme de spécialisation en soins à la personne âgée. Puis j’ai contribué, dans le cadre d’un partenariat tripartite entre les HUG, la Haute Ecole de Santé de Genève et imad, à la mise en place d’un CAS intitulé « Démences et troubles psychiques de la personne âgée », dont je suis toujours coresponsable.
Quelle est aujourd’hui votre fonction au sein des HUG ?
J’exerce en réalité deux mandats. L’un à 80% à la Direction des soins, où je suis infirmier spécialiste clinique dans le champ de la santé mentale et psychiatrie de l’âgé. Puis, un autre poste à 20% de chargé de formation rattaché à la Direction des ressources humaines. Ces deux fonctions ont en commun une orientation sur la formation et le développement de compétences cliniques.
En quoi consiste vos activités de formateur ?
J’ai participé de près ou de loin, ces vingt dernières années, à la formation de différents professionnels et professionnelles de santé mobilisées au chevet des patients et patientes. Notamment, les infirmières et infirmiers et autres pluriprofessionnels et pluriprofessionnelles de santé non seulement à travers le CAS évoqué plus tôt, mais aussi l’accompagnement des praticiennes et praticiens formateurs (PF) au sein des HUG. Les aides en soins et accompagnement (ASA) en contribuant à l’implémentation de cette nouvelle formation au sein du canton de Genève dans un rôle de pair multiplicateur. Les assistants en soins et santé communautaire (ASSC) en participant à la formation de leurs encadrants principaux, les formatrices et formateurs à la pratique professionnelle (FPP). Je suis aussi responsable de séminaires pour les étudiantes et étudiants en médecine de deuxième et troisième année sur des aspects infirmiers d’ordre médico-technique.
Et qu’en est-il de votre activité d’infirmier spécialiste clinique (ISC) ?
Nous sommes une cinquantaine de spécialistes cliniques aux HUG dans différents champs disciplinaires, le mien étant centré sur la santé mentale et psychiatrie de la personne âgée. Le métier d’ISC comporte trois axes principaux. Le premier concerne la clinique directe, à savoir suivre des patientes et patients dans différents services, où l’on fait appel à moi dans des situations complexes. Il s’agit d’accompagner la patientèle et leurs familles autour de problématiques de santé mentale et psychiatrie de la personne âgée. Le deuxième axe consiste à accompagner les équipes avec du coaching et de la supervision à visée formative. Enfin, le troisième axe est en lien avec la recherche et la formation, à travers des interventions à l’interne ou à l’externe.
Quel est le moteur de votre engagement ?
L’un de mes principaux moteurs est d’accompagner les gens à développer des compétences. A mes yeux, la formation permet de s’émanciper et de grandir. En tant qu’humaniste, je considère que ce qui est au cœur de notre métier de soins, c’est avant tout la relation à l’autre. Je me nourris des rencontres multiples et variées avec les soignants et soignantes, et bien sûr avec les nombreux patients et patientes et leur famille. Étant plutôt en fin de trajectoire professionnelle, l’une de mes préoccupations est l’attractivité à venir travailler dans ce domaine, marqué par une pénurie de personnel soignant, ainsi que la transmission du savoir. Je suis heureux de contribuer à susciter la motivation des gens à venir se former et à continuer à se former par la suite.
Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?
Je suis un partisan convaincu de l’approche centrée sur la personne. L’idée est de ne pas rester avec un regard focal sur la dimension médicale, mais d’appréhender chacun et chacune des patients et patientes, en particulier les personnes âgées qui ont une démence, dans une perspective holistique humaniste. Cela passe par une écoute attentive et une adaptation aux besoins individuels. C’est un modèle qui existe depuis longtemps, mais que je participe à réactualiser dans différents lieux de soins, notamment à travers une formation action à l’Hôpital de Loëx, ainsi que dans une unité d’ortho-gériatrie sur le site de Cluse-Roseraie.