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Microbiote et cancer du foie, l’impact de l’obésité maternelle
Les travaux menés par une équipe des HUG et de l’Université de Genève (UNIGE) révèlent un lien entre l’obésité maternelle et un risque accru de maladies hépatiques, voire de cancer du foie, chez les enfants. Ce phénomène, associé à un microbiote intestinal altéré, pourrait persister jusqu’à l’âge adulte, comme l’expose une étude parue dans JHEP Reports. Ces résultats soulignent l’importance d’agir tant pour les femmes que pour protéger la santé des générations futures.
L’étude a été dirigée par le Pr Christian Toso, professeur ordinaire à la Faculté de médecine de l’UNIGE et médecin-chef du Service de chirurgie viscérale des HUG, en collaboration avec Beat Moeckli, post-doctorant au Département de chirurgie de l’UNIGE et chef de clinique au Service de chirurgie viscérale des HUG. L’équipe a mené ses travaux sur deux groupes de souris : l’un soumis à un régime riche en graisses et en sucres (provoquant une obésité rapide) et l’autre nourri normalement. Les descendantes et descendants des souris obèses, bien que nourris normalement et non obèses eux-mêmes, ont montré des signes précoces de maladies hépatiques, aggravés avec l’âge. À 40 semaines, ces signes incluaient des dépôts de graisse, des fibroses et des inflammations, tous facteurs de risque de cancer du foie.
Afin d’évaluer le risque de cancer du foie, les scientifiques ont exposé ces souris à un produit carcinogène après le sevrage. Les résultats montrent que les descendantes et descendants des mères obèses présentent un risque de cancer du foie quatre fois supérieur à celui des descendantes et descendants du groupe contrôle. Selon le Pr Christian Toso, ces résultats illustrent que l’impact de l’obésité maternelle ne se limite pas à la période prénatale, mais influence durablement la santé des enfants après leur naissance.
L’un des mécanismes centraux identifiés est l’altération du microbiote intestinal, héritée de la mère obèse. Cette composition bactérienne appauvrie favorise l’inflammation et les lésions hépatiques. Fait intéressant, les scientifiques ont observé que le regroupement des souris issues des deux groupes dans une même cage, favorisant le partage de microbiotes, réduisait significativement les marqueurs de maladies hépatiques et les risques associés. Cela illustre le rôle clé du microbiote dans la transmission intergénérationnelle de ces risques.
Bien que ces données proviennent d’un modèle animal, elles ouvrent des perspectives prometteuses pour l’humain. Une confirmation clinique nécessitera des études épidémiologiques sur des cohortes de mères et d’enfants suivis sur plusieurs décennies. D’ici là, des interventions préventives, notamment via des modifications du microbiote par des probiotiques ou une alimentation équilibrée, pourraient atténuer ces risques.
En savoir plus : L’obésité maternelle favoriserait le développement du cancer du foie